Les communications unifiées dans le Cloud, toujours à l'horizon

 article extrait de la "lettre du cloud" du 28 Août 2015

Une conférence du CDRT, organisée dans le cadre de la Cloud Week Paris, a analysé les difficultés de décollage du marché des communications unifiées en mode SaaS.

Le CDRT (Club des Dirigeants Réseaux et Télécom) regroupe 72 sociétés « toutes impliquées dans la convergence de l’informatique et des télécoms ». Stéphane Grasset, son président, a déclaré en introduction que « malgré l’explosion imminente des UCaaS (Unified Communications as a Service), annoncée chaque année, depuis 5 ans, le taux d’adoption en France reste bas, à 6 % ». Les UCaaS réunissent l’ensemble des outils de communication en entreprise en un seul système, assurent leur interconnexion et proposent un modèle de livraison Cloud : « ressources en libre-service, ouverture, mutualisation et paiement à l’usage », a listé Stéphane Grasset.

Hugues de Bonnaventure, country manager chez lifesize, éditeur de solutions de visioconférence et de communications, sent une vrai appétence du marché pour ce type de solutions UCaaS et « la bascule vers notre solution Cloud de visioconférence est plus rapide qu’anticipé ». Laurent Bizos, directeur avant-vente et développement Cloud chez Mitel, « expert des communications d’entreprise », a reconnu que « la téléphonie, tout le monde en a besoin mais ça n’est pas ce qui fait rêver le client, ni emporter les contrats ». Mobilité et ubiquité, combinaison de la présence et du chat, collaboration et communications unifiées sont des mots beaucoup plus séduisants à l’oreille des clients.

Comment expliquer la lenteur de l’adoption ?

Hugues de Bonnaventure, de Lifesize, n’a pu que constater que « la barrière psychologique des clients liée à la sécurité et à la confidentialité des communications est réelle. Nous estimons pourtant mettre en œuvre des moyens de sécurisation supérieurs à ce que la plupart des clients peuvent se permettre ». De son côté, Bertrand Pourcelet, directeur général de Centile, un des pionniers du UCaaS, a souligné l’absence d’interconnexion globale des solutions et la multiplicité des interfaces. Or, « les utilisateurs, éduqués par les produits grand public et par les poids lourds comme Microsoft, exigent une intégration globale des outils en mode Cloud, tous accessibles à travers une interface unique ». La pression des Skype et autres Facetime se fait bien sûr aussi ressentir financièrement : « tout le monde veut ces nouvelles applications mais plus personne ne veut les payer. Les freemiums mettent la pression sur les prix mais aussi sur la qualité et la simplicité de déploiement ».
L’unique solution semble être de proposer par dessus « des services de sécurité et d’interconnexion avec les autres systèmes de communication », a analysé Hugues de Bonnaventure.
Patrick Bergougnou, PDG de Cirpack, éditeur de logiciels de téléphonie Cloud, a rappelé enfin que « la mise en place d’un système de communications unifiées change la manière de travailler : les entreprises structurées verticalement peuvent avoir du mal à s’adapter à cette culture de communication horizontale ». Or, c’est tout l’intérêt des solutions Cloud, par exemple de visioconférence, d’élargir le champ d’action de l’outil à l’ensemble des employés. Cependant, un obstacle majeur ne doit pas être oublié : l’organisation du marché et « les réticences des partenaires qui anticipent une baisse de leurs revenus liées au déploiement et à la maintenance et qui sont dans l’obligation de se réinventer », a souligné Hugues de Bonnaventure. En effet, comme l’a expliqué Laurent Bizos : « il se produit le même phénomène que dans l’IT, avec des éditeurs en train de devenir leur propre fournisseur de services Cloud. Si l’intégrateur veut conserver un rôle clé, il doit abandonner son modèle de commission sur la revente des équipements pour offrir de nouveaux services d’accompagnement ». Sa connaissance de l’historique, sa proximité avec les clients et sa compétence pour s’intégrer aux systèmes existants font de l’intégrateur le bon acteur pour cette offre de services.

Reste à relever le défi de la formation des techniciens des télécoms à ce nouveau monde, où la place de l’informatique devient prépondérante et qui verra peut-être le téléphone fixe disparaître des bureaux, « comme c’est déjà le cas dans des entreprises d’Europe du nord », selon Laurent Bizos.

Hervé Baconnet
Journaliste