Cellnex plaide pour une consolidation responsable
Dans un marché français des télécoms sous tension, la question de la consolidation revient avec insistance. Faut-il autoriser un rapprochement entre opérateurs historiques pour relancer les investissements ? Pour Cellnex France, leader européen indépendant des infrastructures de télécommunications, la réponse est oui — à condition que cette union se fasse sous le signe de la performance, de l’équité territoriale et de la transparence.
Depuis plus de dix ans, le secteur français vit dans une forme de paradoxe. L’ouverture à la concurrence en 2012 a tenu ses promesses pour le consommateur, avec une baisse moyenne des prix de 40 %. Mais cette guerre des tarifs a aussi laissé des traces profondes : les marges des opérateurs se sont effondrées, leurs capacités d’investissement ont fondu et les ambitions technologiques du pays se heurtent à des contraintes budgétaires persistantes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La France compte 5,6 antennes pour 1 000 habitants, quand l’Allemagne en déploie 7 et l’Espagne 8. Le taux de couverture 5G plafonne à 77 %, loin derrière la Suède (95 %). Et dans les zones rurales, moins d’un Français sur deux bénéficie d’une connexion fiable, souvent inférieure à 10 Mbps.
Pour Thomas Bertrand, CEO de Cellnex France, la situation appelle une réponse structurelle : « L’exemple britannique montre qu’une consolidation encadrée peut devenir un levier d’investissement et d’amélioration de la qualité des réseaux mobiles. En France, tout rapprochement entre opérateurs doit être une opportunité pour moderniser les infrastructures existantes et en construire de nouvelles, notamment en densifiant les zones urbaines. »
L’enjeu n’est pas seulement économique. C’est toute la souveraineté numérique française qui se joue dans cette équation entre concurrence et couverture. Car la 5G, cinq ans après son lancement, reste inachevée. Et pendant que le débat public se focalise sur les prix, la transformation des réseaux devient urgente. L’essor de l’intelligence artificielle et des applications à faible latence fait exploser la demande en bande passante. L’IDATE anticipe une multiplication par six du trafic mobile d’ici 2030. Si rien ne change, la France risque de subir un effet d’engorgement, pénalisant les usages critiques comme la télémédecine, l’industrie 4.0 ou les véhicules connectés.
Face à cette perspective, Cellnex prône une approche pragmatique : mutualiser pour investir. En regroupant certains acteurs, le secteur pourrait réduire ses coûts d’exploitation de 10 à 15 % et réorienter ces économies vers la modernisation des infrastructures. Le modèle existe déjà. Au Royaume-Uni, la fusion Vodafone–Three, validée par la CMA en 2024, s’est accompagnée d’un plan d’investissement massif de 11 milliards de livres sur dix ans et d’un objectif ambitieux de couverture 5G à 99 % d’ici 2030, sous le contrôle du régulateur Ofcom.
Cette vision d’un marché consolidé, mais sous haute surveillance, séduit de plus en plus de décideurs en Europe. Car la question n’est plus de savoir s’il faut consolider, mais comment le faire sans sacrifier la concurrence ni creuser les inégalités territoriales. Pour Cellnex, tout dépendra des engagements chiffrés que les opérateurs prendront vis-à-vis du régulateur français, notamment en matière de couverture des zones blanches et de qualité de service.
Sur le terrain, Cellnex continue de déployer sa stratégie d’accompagnement industriel. Présent sur l’ensemble du territoire, l’opérateur d’infrastructures soutient les quatre grands acteurs mobiles français et plus de 300 opérateurs alternatifs dans leurs projets de densification et de mutualisation. Ses équipes participent directement à la mise en place de réseaux 5G neutres, ouverts et interopérables. C’est cette posture d’acteur de confiance qui lui permet aujourd’hui d’être au cœur du débat sur la consolidation.
Thomas Bertrand insiste sur cet équilibre entre vision économique et responsabilité publique : « La consolidation n’a de sens que si elle profite au pays tout entier. L’objectif, ce n’est pas de réduire le nombre d’acteurs, c’est d’augmenter la qualité de service, la couverture et la capacité d’investissement. Cellnex est prêt à jouer son rôle d’opérateur neutre et partenaire industriel pour soutenir cette ambition collective. »
Dans un paysage marqué par les besoins massifs d’infrastructures, la France doit désormais choisir sa trajectoire. Soit continuer à fragmenter ses ressources, au risque de voir la compétitivité numérique s’éroder, soit amorcer une recomposition raisonnée du secteur pour redonner souffle et puissance à ses réseaux. La consolidation, si elle s’accompagne d’une gouvernance exigeante, pourrait bien être le catalyseur d’une nouvelle ère d’investissement et de connectivité, où la performance technologique sert enfin la cohésion territoriale.
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